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La raison majeure de cette inquiétude tient principalement aux responsabilités de guerre étendues. Mais il se garde bien d’en faire mention, alors qu’il eut été intéressant d’effectuer le retour sur soi pour mobiliser le point de vue personnalisé et subjectif qu’autorise la démarche littéraire. 1 Si le procès de Tôkyô se voulait un procès pour l’histoire, il peut sembler légitime de se demander la place qu’il a occupé pour les historiens japonais de l’après-guerre. Tristan Brunet, « Le procès de Tôkyô et le débat sur l’Histoire de Shôwa Â», Droit et cultures [En ligne], 58 | 2009-2, mis en ligne le 06 juillet 2010, consulté le 28 décembre 2020. 14En élargissant les accusations du procès de Tôkyô à toute la classe dirigeante, ce qui inclut notamment l’empereur et les dirigeants des zaïbatsu, les auteurs suggèrent une culpabilité beaucoup plus étendue. La « voix des morts » de Kamei relève d’ailleurs du même oubli, puisqu’il évoque avant tout les morts japonais, sans considération par exemple pour les mobilisés et auxiliaires de l’armée impériale devenus depuis Coréens ou Taïwanais, les jeunes Coréens et Chinois forcés à un travail de bête dans les mines et usines japonaises, les cobayes humains des « expériences » chimiques de la brigade 731 en Chine, les « femmes de réconfort » de toute l’Asie qui n’ont pas survécu à la violence de l’esclavage sexuel, etc.24. Six mois après le début du procès de Nuremberg, le 3 mai 1946, s’ouvre le procès de Tokyo qui va juger les crimes commis en Extrême-Orient. Ne serait-ce que parce que la nationalité, sans jeu de mot, des sujets de l’empire a été bouleversée par l’effondrement de celui-ci à la fin de la guerre, ce qui implique de fait une distorsion avant et après-guerre de l’acteur collectif, désigné de façon univoque par kokumin (la nation / le peuple). AccueilNuméros58Mémoires et responsabilités de gu...Le procès de Tôkyô et le débat su... Paru en 1955, l’Histoire de Shôwa représente l’exemple le plus représentatif du projet des historiens japonais pour élaborer, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une nouvelle histoire nationale. Pour le détail de l’évolution idéologique de Kamei, voir Kevin Michael Doak, Dreams of difference : the Japan romantic school and the crisis of modernity, University of California press, 1994. 5Le second élément marquant est la place prépondérante prise par l’historiographie marxiste dans les années d’après-guerre. Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient Classé sous PROCÈS TOKYO — braultjeanpaul @ 21 h 37 min Le Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient (ou Tribunal de Tōkyō), fut créé le 19 janvier 1946 pour juger les grands criminels de guerre japonais de la Seconde Guerre mondiale. De plus, l’empereur et les zaïbatsu se sont trouvés exclus des poursuites dès le début du procès, conformément aux projets politiques des Américains13. Mais un aperçu de ce débat permet d’entrevoir les fissures que tenteront par la suite de combler les intellectuels japonais dans leur réévaluation des responsabilités de guerre. 19   Tôyama Shigeki, « Gendaishi kenkyû no mondaiten – Showashi no hihan ni kanren shite » (Le problème de la recherche en histoire contemporaine - Au sujet des critiques sur L’histoire de Showa), Chuô Kôron, juin 1956. 22Dans sa réponse à Kamei, Tôyama Shigeki soulignera cette ambigüité20. L’anglais et les cultures : carrefour ou frontières ? Il dresse à son tour un parallèle entre les tentatives des conservateurs au pouvoir pour réaffirmer leur emprise sur l’histoire enseignée, et donc de circonscrire l’influence de l’histoire universitaire, et les soupçons idéologiques que fait peser Kamei sur l’ouvrage afin de saper sa légitimité sans aucune considération pour sa valeur scientifique. Montre plus La naissance de la cou pénale internationale 990 mots | 4 pages pénale internationale ne « décourageront » nullement la CI. Étiquettes. Les limites du débat que j’ai relevé ici permettent aussi de comprendre dans quel contexte le Japon a pu alors faire cette première tentative d’historiciser son expérience de la guerre, et d’entrevoir par conséquent les axes poursuivis depuis pour dépasser les cadres posés par l’Histoire de Shôwa, sans jamais cesser pour autant d’y revenir comme une étape fondamentale dans l’écriture de l’histoire nationale dans le Japon d’après-guerre26. Les auteurs soulignent ainsi avec force les limites du procès de Tôkyô comme événement structurant de l’histoire nationale japonaise bien qu’il n’ait pas marqué le tournant recherché d’ancrer la démocratie dans le pays contre les forces résurgentes du fascisme. Pour mieux appréhender la portée effective des décisions du Tribunal militaire international pour l’Extrême-Orient, il peut être utile d’évoquer les problèmes politiques et scientifiques que l’écriture de l’histoire nationale a posé au Japon dans la même période. Par l’ampleur des sujets abordés, cet ouvrage a marqué une étape importante de l’historiographie japonaise sur cette période cruciale de l’histoire nationale couvrant l’avant et l’après-guerre. Voir la notice dans le catalogue OpenEdition, Plan du site – À propos – Mentions légales et Crédits  – Flux de syndication, Nous adhérons à OpenEdition – Édité avec Lodel – Accès réservé, Vous allez être redirigé vers OpenEdition Search, The Tokyo trial and the History of Shôwa, Mémoires et responsabilités de guerre. C’est en partie ce que souligne Kamei lorsqu’il dénonce la dimension accusatoire de cette histoire, et la manière dont elle sépare les Japonais en coupables et victimes. Ce procès est intenté par le constructeur automobile Nissan, qui avait porté plainte en février dernier contre son ancien patron, afin de récupérer une … Published in 1955, the History of Shôwa is the most prominent example of the project by Japanese academic historians to elaborate a new national history, in the aftermath of the Second World War. Comme outil d’analyse historique, il permet alors de lier les analyses politiques aux considérations socio-économiques en élargissant le champ d’investigation historique, et de renforcer la valeur scientifique des conclusions des historiens. En prélude à ce procès, les arrestations de suspects débutèrent dès le 11 septembre 1945, sur ordre du général Douglas MacArthur, commandant suprême des puissances alliées au Japon (Supreme Commander for the allied forces, S.C.A.P.). Le deuxième élément qu’ils relient à la situation d’avant-guerre, c’est la persistance de la classe dirigeante et des structures qui lui permettent d’asseoir sa domination au sein de l’État-nation. Cela se traduit par l’instauration en 1953 des comités de validation des manuels scolaires, dont les critères de validation révèlent très vite qu’ils ont pour but de purger l’histoire enseignée aux jeunes Japonais de toute référence aux crimes de guerre japonais8. Cette volonté de relativiser les culpabilités de guerre traverse ainsi toute une génération d’intellectuels qui ont perçu le procès de Tôkyô comme leur procès potentiel. Les dirigeants japonais ayant fait ca [...], 1  Les procès de Tôkyô et de La Haye, Le procès de Tôkyô et le débat sur l’, « Le procès de Tôkyô et le débat sur l’, De l’émancipation à la justice environnementale, La vie des personnes LGBT en dehors des grandes villes, La fin de vie. Ce parallèle leur fait pointer les limites du procès de Tôkyô : Loin de se conformer à son but original, la condamnation du fascisme par la démocratie, le procès est plutôt devenu le moyen pour le vainqueur impérialiste d’étaler sa puissance militaire. Le Parti communiste japonais (PCJ) retrouve une existence officielle avec la libération des prisonniers politiques parallèlement à l’abolition de la loi de sécurité publique. 13La présentation de l’après-guerre est tout aussi significative, puisqu’une fois accomplies les promesses de démocratisation de l’immédiat après-guerre, au premier rang desquelles les articles pacifistes de la Constitution et le retour de la liberté de parole, les auteurs effectuent un parallèle très clair entre les évolutions du Japon d’avant-guerre et le retour des conservateurs au pouvoir après-guerre. En premier lieu, les auteurs soulignent le retour de la guerre comme moteur des évolutions politiques du pays depuis le début des années 1950. Le procès de Takahiro Shiraishi, qui s'est ouvert devant un tribunal de Tokyo, fait sensation au Japon. Tristan Brunet, « Le procès de Tôkyô et le débat sur l’Histoire de Shôwa Â», Droit et cultures, 58 | 2009, 43-58. 4 Le terme japonais utilisé ici est kokumin, que je traduis tantôt par nation, tantôt par peuple, koku tirant vers nation, et min vers peuple. Il est alors perçu comme le principal élément de résistance au sein d’une société japonaise qui s’était laissée enfermer dans l’idéologie du « système impérial » durant les années qui ont précédé la guerre. Le peuple de cette nation n’est-il pas dans ce cas précis le coupable de cette tragédie ? Là encore, il est difficile de détacher ce volet du débat du contexte politique de l’époque, comme Kamei semble vouloir le faire. On peut en dégager trois : les problèmes liésau style de l’histoire scientifique, l’amalgame entre la méthodologie des auteurs et les présupposés idéologiques de l’Histoire de Shôwa, et enfin le problème de la portée accusatoire de l’ouvrage, c’est-à-dire la critique du tableau des responsabilités de guerre brossées dans l’Histoire de Shôwa, et à travers elles, des culpabilités établies par le procès de Tôkyô lui-même. La polémique qui a suivi la publication de l’ouvrage permet d’appréhender les visions concurrentes de la responsabilité (ou de l’absence de responsabilité) de guerre, mais aussi les forces sociales qui tenteront de juguler cette vision du récit historique national. Shôwashi no hihan ni kanren shite » (Problème de la recherche en histoire contemporaine ; au sujet des critiques surl’Histoire de Shôwa), Chuô Kôron, juin 1956. La frontière entre un peuple perçu comme victime et ses dirigeants est fonctionnelle, mouvante dans les faits ; pour analyser de manière plus satisfaisante l’ensemble des responsabilités de guerre, il faudrait une catégorisation plus fine permettant d’analyser les processus qui ont accompagné, voire entraîné, le durcissement du régime et la fuite en avant dans la guerre. La fin de la Première Guerre mondiale a posé le principe de la mise en accusation de l'ex-empereur Guillaume II (ar […] Le procès de Tokyo, film complet - Docudrama qui est d'ailleurs spécifiquement sur l'un des aspects de l'histoire du Japon moderne, un regard sur les procès de ceux qui ont subi les militaristes japonais accusés de meurtres de guerre pendant la Seconde Guerre mondiale. Brice Fauconnier, Conversion to Fascism ? 12 Tobe Hideaki, « Showashi ga umareru. En écrivant cette histoire contemporaine, les chercheurs se sont efforcés de comprendre et d’expliciter les dysfonctionnements du système impérial d’avant-guerre ayant permis la dérive militariste. Il ne s’agit pas de pointer ses limites pour insister sur un éventuel particularisme japonais, puisqu’un tel constat pourrait s’appliquer aux histoires nationales rédigées dans tous les États-nations de cette époque. procès de Tokyo a duré plus de deux ans et a pris fin 12 Novembre 1948. D e mai 1946 à novembre 1948, l e tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient composé de 11 pays vainqueurs mais largement dirigé par les Etats-Unis va traduire en justice les dignitaires impériaux japonais. La critique de Matsuzawa souligne donc le sentiment de clôture des responsabilités et des irresponsabilités que l’Histoire de Shôwa risque de véhiculer. Le Procès de Tokyo. Seule l’étude du parcours des acteurs de l’histoire et de leurs paradoxes permettent, à son avis, de replacer l’être humain au cœur du récit historique. La réaction d’un étudiant de 21 ans à l’époque est tout aussi parlante : Depuis ma naissance, en l’an 9 de Shôwa (1934), le Japon s’est trouvé constamment impliqué dans des guerres. 27Ce volet de la critique ne portera pas sur les auteurs de l’Histoire de Shôwa. En effet, la nouvelle dérive conservatrice du régime au Japon après la fin du procès et au tournant des années 1950, et la menace qu’elle fait peser à leurs yeux sur la démocratie japonaise, ont signé pour ces historiens l’échec du projet démocratique de l’après-guerre. Année de sortie : 2017. « “Un véritable trou noir de l’histoire du XX e siècle.” C’est ainsi qu’on a pu qualifier le procès de Tokyo, au cours duquel, pendant près de deux années, vingt-huit hauts dirigeants japonais ont comparu devant onze juges, représentant onze nations, et à la suite duquel sept d’entre eux ont été condamnés à … A polemic took place after the publication of the book, which allows us to acknowledge the growing resistance within Japanese society against such a project. En revanche, Kamei remet en cause la trame narrative nationale de l’Histoire de Shôwa parce qu’elle prive le lecteur de sa capacité de jugement concernant les responsabilités de chacun des acteurs, tout en suggérant qu’il est difficile d’établir des responsabilités individuelles dans le déclenchement et la conduite de la guerre. Il souligne aussi par cet argument la pertinence des catégories privilégiées par l’historiographie de son époque, au premier rang desquelles la nation, conçue comme base nécessaire d’un récit national démocratique. 16 Kamei Katsuichirô, « Gendaishi e no gimon. Néanmoins, l'intensité des conflits internationaux contemporains et les crimes de guerre commis ont soulevé le problème de la responsabilité de ceux qui les ont ordonnés ou perpétrés. C’est notamment le cas du critique littéraire Kamei Katsuichirô (1907-1966)16, dont un article critique, est resté emblématique de ce débat. Their intended goal was to exceed the limits of the Tokyo trial, and the threat those limits put, according to the authors, on the Japanese democracy. Élargissez votre recherche dans Universalis. Il a commencé le 3 mai 1946 et sa durée est d'un ordre de grandeur supérieur au Tribunal en Allemagne. Ils entendent limiter l’influence au sein de la société japonaise de cette version du récit national qui, pour « démocratiser » la société japonaise, tâche de se rendre accessible à un lectorat très large. 1 Le terme de « Shôwa » désigne ici l’ère Shôwa du calendrier japonais, qui commence en 1926, et s’achève en 1989. Quels sont les axes principaux sur lesquels se sont concentrées les critiques ? L'expression commune « procès de Tōkyō » désigne le procès mené par le tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient (International Military Tribunal for Far East, I.M.T.F.E. Le 2 septembre 1945, la reddition officielle du Japon était signée sur le cuirassé Missouri ancré dans la baie de Tōkyō, et le général MacArthur prenait le titre de commandant suprême des puissances alliées, au sein desquelles les États-Unis, en tant que puissance occupante, exerceront une autorité sans partage. trisa.brunet@gmail.com. En effet, l’une des questions qui ont le plus préoccupé les historiens japonais au lendemain de la Seconde Guerre mondiale portait sur l’analyse de la marche vers la guerre, pour en dégager les causes et tenter de rendre intelligible aux yeux des Japonais qui l’avaient vécue le chaos de l’histoire récente. D’abord proche du marxisme, Kamei est un exemple de « conversion » (tenkô) à l’idéologie militariste17. Mais ces critiques permettent également de comprendre sur quels axes les forces sociales opposées à cette lecture de l’histoire, et en premier chef toute une partie de la droite moins libérale qu’il n’y paraît, se sont appuyées pour la déconsidérer et l’isoler, sans pouvoir forcément lutter avec son appareil méthodologique et sa légitimité universitaire. Tôyama réaffirme le champ d’action de l’histoire, une science qui cherche à établir des continuités et à dégager des mécanismes régissant la marche des sociétés, contre les arguments « littéraires » d’un Kamei. Juge Henri Bernard. 3Au lendemain de la Seconde guerre mondiale, les travaux des historiens japonais ont été marqués par trois grandes orientations. Cela ne passe plus, comme avant-guerre, par une intervention directe dans les débats académiques, que ce soit par la censure ou par l’emprisonnement pur et simple des historiens qui remettent en cause l’histoire officielle. Dès le 6 septembre 1945, le programme politique défini pour l'immédiat après-guerre […] Politiquement, ces mesures permettront aux partis les plus conservateurs de s’emparer du pouvoir avec la bénédiction américaine, alors même que ses leaders sont les plus proches des accusés jugés comme criminels de guerre par le procès de Tôkyô7. Tôyama concentrera sa réplique sur ce point19. Germaine A. Hoston, Marxism and the Crisis of Development in Prewar Japan, Princeton University Press, 1987. 23 jeudi Juil 2020. L’ouvrage fait l’objet d’une polémique qui permet de mesurer les résistances qui se développent au sein de la société japonaise contre un tel projet. La loi de sécurité publique de 1925, principale loi de censure et de répression idéologique de l’État, est pointée comme symptomatique de cette volonté de juguler la représentation populaire malgré l’élargissement du suffrage, et est soulignée comme une des causes principales de la crise du système des partis qui se met à tourner à vide dans les années 1930. Le procès de Tokyo. 12Les auteurs insistent également sur l’importance de l’impérialisme japonais dans le déclenchement de la guerre, et surtout, la logique du capital qui le soutient. L'expression commune « procès de Tōkyō » désigne le procès mené par le tribunal militaire international pour l'Extrême-Orient (International Military Tribunal for Far East, I.M.T.F.E. Au-delà de leurs conséquences pénales directes – le premier ayant prononcé douze condamnations à mort, dont celles de Goering, Ribbentrop, Keitel et Rosenberg ; le second … 15L’Histoire de Shôwa eut un impact très important sur son lectorat, et sur toute une génération d’étudiants japonais. La nation est donc dépeinte comme un acteur intrinsèquement révolutionnaire, ou en tout cas naturellement porté au progrès de la démocratie contre la domination des élites. J’ai enfin pu comprendre que c’est pour cette raison précise que nous avons vécu tous ces malheurs15. En effet, le Japon s’est indirectement impliqué dans la guerre de Corée, puisque le pays n’a pas envoyé de troupes, mais a servi de base arrière aux forces de l’ONU, et soutenu par son industrie l’effort de guerre. Hostiles à cet exposé trop radical, Kamei tente de saper les bases de ses accusations et du tableau qu’il révèle des responsabilités de guerre. Cette déresponsabilisation est pour lui irrecevable, surtout du point de vue des victimes asiatiques dans leur ensemble : comment l’Histoire de Shôwa peut-elle dans le même temps considérer la nation japonaise comme une victime de la guerre et souligner l’immensité des pertes chinoises ? 5 Hommage à Kasra Vafadari, Portail de ressources électroniques en sciences humaines et sociales, Une mise en cause « littéraire » de l’, Une critique plus pertinente du peuple comme victime, licence Creative Commons Attribution - Pas d'Utilisation Commerciale - Pas de Modification 4.0 International, Catalogue des 552 revues. Les chefs d'accusation, l'organisation des procès, la caractérisation des crimes sont à mettre en relation constante avec les événements de la Seconde guerre mondiale, et tous les crimes qui s'y déroulèrent. Cette lutte entre « nation » et « classe dirigeante » constitue l’axe central de la description historique adoptée par les auteurs de l’Histoire de Shôwa, dans le but de répondre à l’impératif démocratique qui s’est imposéà leur discipline depuis la fin de la guerre. L’Histoire de Shôwa étend cette culpabilité dans le temps, en pointant la persistance des structures criminelles au sein de l’État japonais d’après-guerre. Le but affiché était de participer pleinement au nouveau projet démocratique. Kamei est dans ce deuxième cas. Rekishika ni « sôgôteki » nôryoku o yôkyû suru koto wa hateshite iru darô ka ? » (Doutes concernant les historiens contemporains ; est-ce trop leur demander que de se montrer un peu plus « synthétiques »? Depuis l’invasion de la Chine, il y a eu la guerre du Pacifique, puis la guerre de Corée, et aujourd’hui encore leurs orientations sont liées à la guerre. Les auteurs semblent ainsi sanctionner une sortie pure et simple de l’histoire pour un procès qui n’a pas su faire sens, et renforce l’idée que la narration même de l’histoire nationale dans l’Histoire de Shôwa se substitue à la vocation historique supposée du procès. Son sous-titre en dit long : le pendant asiatique du tribunal de Nuremberg a été éclipsé, trop controversé pour les Japonais et trop lointain pour les Européens. 24 Dans les années 1990, un autre critique littéraire, KatôTenyô, soutiendra que pour guérir des blessures de la guerre et dépasser les conflits mémoriels qui secouaient alors le pays, le Japon doit commencer par pleurer exclusivement ses trois millions de morts dans la guerre, avant de pouvoir compatir avec les vingt millions de morts du reste de l’Asie, rétablissant de fait cette distinction absolue entre les victimes de la guerre. La répression constante à laquelle ont dû faire face aussi bien les partis prolétaires que les organisations syndicales reflète par conséquent la lutte de cette élite pour conserver son pouvoir, dans son incapacité à lutter avec les armes de la démocratie bourgeoise. L’ouvrage trace aussi une conduite à tenir, selon les auteurs, pour affermir les acquis démocratiques des premiers temps de l’occupation. Kamei sera lui aussi emprisonné lors de la sévère répression anticommuniste du 15 mars 1928. Le but avoué des auteurs est de dépasser les limites du procès de Tôkyô, et la menace que celles-ci font peser à leurs yeux sur la démocratie au Japon. Il reste en cela fidèle à l’esthétisme romantique qu’il avait adopté durant la guerre, et semble de fait plaider l’absence d’ancrage idéologique de cette posture, alors même que ses propres prises de position passées semblent prouver le contraire. ), L’Europe face à son passé colonial, Riveneuve, 2009. Bien qu'un procès eut lieu (avec le Tribunal de Tokyo), le fait que certaines personnes ne furent pas poursuivies (comme l'Empereur et les membres de l'Unité 731) et que certains cas furent totalement occultés (comme les femmes de réconfort) fit que les Japonais sentirent que ces tribunaux ne cherchaient que des boucs émissaires. Non seulement l’Histoire de Shôwa ne cautionnait pas cette posture, mais par son exposé implacable des responsabilités de guerre, il ouvrait la voie à une remise en cause plus large des responsabilités de chacun. En élargissant leur champ d’investigation, cet appareil méthodologique a permis aux historiens d’affermir d’autant leur analyse des causes et des responsabilités de la dérive militariste de l’Etat japonais. Or, certaines composantes ont joué un rôle actif dans la marche vers la guerre. La justice est traditionnellement l'une des composantes majeures de la souveraineté de chaque État. 1. 9Ils ne tarderont pas à tenter d’imprimer de nouveau leur empreinte sur l’écriture de l’histoire. Mais il est à noter que le procès de Tôkyô lui-même s’efface de leur narration historique de l’après-guerre. A cet égard, il n’est pas anodin qu’un Kamei évoque les risques que présente cette vision de l’histoire pour l’enseignement. 20A aucun moment, Kamei n’abordela validité des sources utilisées par les auteurs, ou l’analyse qu’ils en font. Matsuzawa cite ainsi l’exemple des classes moyennes qui, par le biais notamment des associations locales de défense, ont souvent relayé activement la propagande militariste. L’ouvrage constitue une synthèse du résultat des recherches dans le domaine de l’histoire contemporaine, et par conséquent le projet le plus significatif de la part de l’école marxiste d’afficher leur propre lecture de l’histoire, face à la vision que tentent d’imposer les conservateurs de retour au pouvoir, mais aussi face aux conclusions du procès de Tôkyô. 26   Pour un panorama plus large du travail des historiens japonais confrontés au passé colonial de leur pays, ainsi qu’au problème des responsabilités de la guerre, voir Arnaud Nanta, « Le Japon face à son passé colonial », in Daniel Lefeuvre, Olivier Dard (dir. L’utilisation du marxisme comme grille d’analyse a permis aux historiens japonais de l’époque d’inscrire leur histoire récente dans une rationalité, mais aussi dans une conception universalisante de l’histoire, faisant le lien entre l’expérience nationale japonaise et une conception standardisée de l’évolution historique des États-nation. Rejetant toute valeur pédagogique à ces catégories, conçues comme des idéaux démocratiques, Kamei leur oppose l’individu comme seul échelon valide des sciences humaines, en plaçant littérature et histoire sur un même plan. Hiros… Certaines limites internes à la grille d’analyse des historiens de l’époque, comme par exemple ses catégories en partie préconçues idéologiquement, ou les limites liées à l’utilisation du terme kokumin, le peuple-nation, comme sujet d’une histoire nationale sans interroger les a priori de ce concept.

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